Le roman « Viens ! » de Serge Marignan est un livre réédité aux Editions Des Auteurs des Livres. Une romance où le lecteur peine à différencier l’auteur du narrateur Julien. L’écrivain a volontairement décidé d’insuffler sa propre vie au cours de ce voyage dans le temps, amenant son lectorat dans la France des années 70. La mise en page du texte est originale : ce journal intime tient parfois de l’ouvrage épistolaire, sans jamais se cantonner à un genre littéraire. Le titre « Viens ! » ne concerne pas seulement les évènements relatés dans le livre : il constitue aussi un appel, directement adressé au lecteur, qui peut découvrir cette histoire d’amour faite de hauts et de bas, comme toutes les relations… Serge Marignan est un artiste dévoué et cela se sent dans sa plume très expressive. Cette passion contagieuse est un atout, car elle peut toucher les lecteurs de sa génération tout comme les plus jeunes. De plus, le volume est léger : les 200 pages pourront être parcourues en quelques heures, au cours d’un voyage en train par exemple, ou dans un lit pour se détendre. Les différentes parties du livre ont été divisées en parties atypiques, ce qui change de la forme traditionnelle du « prologue », suivi du « chapitre premier », etc. Chaque scène ou étape importante de l’intrigue est annotée d’une date précise, correspondant à une année. Cela permet d’indiquer au lecteur « où il se trouve » par rapport à la chronologie des évènements. Le roman « Viens ! » est ponctué de nombreux aller-retour entre les années 2017, la décennie des 90 et le début de la relation entre les deux personnages principaux, Julien et Michèle.
Le lecteur découvre petit à petit « les origines » de ce couple, en se positionnant exclusivement du côté de l’homme, c’est-à-dire de Julien. Un adolescent jeune et rebelle, addict à la musique et inexpérimenté. Son côté très immature est mis en avant par ses propos « à chaud », qui retranscrivent bien cette passion qui prend le dessus sur la raison. À cet âge, personne n’est responsable et l’atmosphère de la décennie 70 est bien définie, grâce à de nombreuses références artistiques. Le lecteur idéal pour cette romance peut être un homme ou une femme qui peut s’identifier à l’antagoniste : un ou une nostalgique, qui aime se plonger dans ses souvenirs !
Le narrateur Julien est aussi auteur dans le roman, ce qui instaure un genre de jeu sur différents niveaux, comme si le lecteur assistait au travail d’écriture et de rédaction de Serge Marignan en personne. D’ailleurs, le thème de la musique est central dans l’expression de cet amour entre Julien et Michèle. C’est toujours ce fil rouge qui compose l’entièreté de l’ouvrage. Les deux amants se « retrouvent » en 2017, c’est cette rencontre qui pousse le personnage à écrire. Ces retrouvailles spéciales ont lieu lors d’un festival de jazz. En réalité, chaque nouvelle étape franchie par ce couple amoureux de passionnés transis l’un pour l’autre a son lot de références à cet art.
L’aspect crucial et ultradéveloppé dans ce livre est le poids et la légèreté du temps qui passe. Ce paradoxe est d’autant plus mis en avant par l’état d’esprit dans lequel le jeune Julien se trouve au début du récit et le narrateur plus âgé et expérimenté, dans les chapitres entrecoupés. Des évènements qui semblent sans importance deviennent alors des vecteurs, qui font penser à l’image du battement de l’aile de papillon.
L’histoire d’amour entre Michèle et Julien est contée avec l’innocence d’une âme restée intacte, malgré les années qui défilent. Il s’agit là d’une plongée sans filtre dans le cœur épris d’un héros ordinaire et d’une femme sans vague. Au-delà de l’aspect souvent pudique et l’ego surdimensionné de la gent masculine, le texte de « Viens ! » permet de mettre en évidence la grande sensibilité d’un auteur qui assume et connaît le pouvoir des sentiments. Nul besoin d’enjoliver la réalité. Certes, les évènements relatés dans ce roman ne sont pas exceptionnels, mais le côté banal d’une histoire d’amour fait aussi sa puissance, car n’importe qui peut s’identifier sans problème.
« Viens ! » est un écrit qui relève presque d’un genre expérimental, tant il mélange les références et casse les codes. Un exercice de style original, qui promet une lecture rapide et un final renversant. Le message que semble retranscrire Serge Marignan ici est simple et pourrait flirter avec le traditionnel « Carpe Diem ! » Profiter des cadeaux de l’existence, au moment opportun, et éviter au maximum de se retenir : oser, tenter afin de fuir le regret au mieux.
Le site du livre : https://serge-marignan.fr/
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